Les proxénètes handicapés
«Le bout de l'horreur, de véritables esclaves… » Les mots employés par le procureur de la République sont forts. A la hauteur des condamnations prononcées par le tribunal correctionnel de Rouen. Trois ans de prison ferme pour Christophe Leclerc, considéré comme le principal instigateur du délit de proxénétisme aggravé. Un an ferme pour son frère, Pascal, et pour sa femme, Farida, tous deux coupables d'avoir participé à la commission des faits. Dans cette affaire, deux autres prévenus sont également condamnés à des peines de prison avec sursis. Exceptée Farida Leclerc, tous sont adultes han-dicapés, bénéficiant du statut Cotorep.
« Véritable calvaire »
L'affaire ? Elle remonte à la période 2000-2004. Au départ, de banales rencontres dans un milieu social défavorisé. Et rapidement, l'horreur. Tour à tour, deux jeunes femmes, à peine majeures, vivent un « véritable calvaire ». Elles sont, contraintes à se prostituer. Au profit de la famille Leclerc. Tous les jours, elles sont conduites sur le boulevard des Belges, à proximité du bar le Triskel, à Rouen. En permanence sous surveillance, travaillant de 21 h à 6 h du matin. Avec des objectifs précis… « La passe est fixée à 50 € avec un minimum de 15 prestations par nuit », assène la présidente.
L'une des victimes aurait rapporté 108 000 € selon les estimations des policiers en charge de l'enquête. Les cinq prévenus font face au tribunal. Certains ne bronchent pas. D'autres sont en larmes. A l'énoncé des faits,
l'atmosphère se fait pesante. Les deux victimes sont là. Installées à quelques centimètres de leurs bourreaux. Elles écoutent. Sans se démonter.
Prostituées la nuit, bonnes à tout faire le jour. Après les passes, les deux jeunes femmes n'en n'ont pas fini : elles s'occupent des enfants de la famille du couple Leclerc. « On faisait tout dans la maison », raconte l'une d'entre elle. L'argent tiré de la prostitution leur est confisqué. Méthodiquement : «Vous demandiez aux filles de se déshabiller quand elles rentraient. C'était pour les fouiller ? », interroge la présidente. « Seulement l'une d'elle », confesse Farida Leclerc. Comble de l'humiliation : les jeunes filles sont parfois nourries « avec du saucisson pour chien ». L'avocat de l'une des deux victimes évoque « un dossier sordide ».
« Tout le monde a couché avec tout le monde »
Me Philippe Lescène, l'avocat de Christophe Leclerc, clôt les plaidoiries de la défense. « Moi, je défends le méchant », commence par lancer ironiquement le pénaliste. Parlant de son client comme « d'un bouc émissaire, une personne derrière laquelle il est facile de se réfugier », il réfute le terme d'esclavage. Selon lui, et au vu des faits reprochés, son client ne doit être jugé « que pour proxénétisme simple ». Il ne se prive pas de rappeler que « dans cette affaire, tout le monde a couché avec tout le monde ».
Son client écope tout de même de la plus lourde des peines prononcées.
Manuel Sanson
eh dire que j ai cotoyé ces gens il y a 12 ans
heureusement perdu de vue !
c est degueulasse ce qu ils ont fait !